Depuis 2010, le festival Normandie Impressionniste a lieu tous les 3-4 ans durant le printemps et l'été (exceptionnellement cette année été et automne). De nombreuses expositions ont lieu dans divers musées normands. J'ai décidé d'en visiter plusieurs. Voici la première qui a lieu au musée de Caen jusqu'au 22/11. Je vous en fais un résumé.

Quelques années après qu'Armand Guillaumin ait exposé une toile, consacrée au paysage industriel, lors du premier salon impressionniste de 1874. Le critique Joris-Karl Huysmans encourage les peintres à exprimer "toute cette fièvre moderne que présente l'activité de l'industrie."
Les ports et les rives industrielles constituent des lieux d'inspiration. Le regard du peintre se partage entre le spectacle des travailleurs (mêlés aux badauds) et l'observation d'un nouvel outillage moderne (drague, grue). Les hommes de peine, dockers, coltineurs, cribleurs de sable... sont les sujets de nombreuses oeuvres.
Dans le Paris post-haussmannien, les travaux sont nombreux en vue des expositions universelles, pour l'extension des voies ferrées et la construction du métro. Au milieu de ce chantier, les artistes font autant attention à la structure géométrique des échafaudages qu'à l'énergie des ouvriers.
Paul-Désiré TROUILLEBERT (1829-1900), Travaux de relèvement du chemin de fer de la ceinture, le pont de la rue de la Voûte (1888), Paris-musée d'Orsay
Frantisek KUPKA (1871-1957), Couvreurs sur les toits de Paris -encre de chine, fusain et aqaurelle, Collection Dixmier
Les artistes entreprennent de peindre les cortèges d'ouvriers, qui tôt le matin ou tard le soir, entrent dans les manufactures ou en ressortent. Leurs oeuvres sombres témoignent des difficiles conditions du labeur.
Le tisserand et la repasseuse illustrent la permanence d'une activité domestique, proto-industrielle. Payés à la pièce, ils travaillent de manière épisodique, maintenus tous deux dans une dépendance forte de celui qui leur passe commande.
La main-d'oeuvre féminine pénètre massivement l'usine au gré de la mécanisation : le travail des femmes s'exporte hors du foyer.
Dans son roman "L'Assommoir", Zola nous baigne dans la sombre vie d'ouvriers. Les peintres vont continuer dans ce naturalisme sombre et décrivent la réalité humaine des métiers de l'artisanat et de l'industrie. Attentifs aux gestes, costumes et outils, ils signent des oeuvres âprement documentaires.
Les raisons pouvant conduire à la suspension du travail sont multiples : le chômage, l'accident, la grève, la manifestation.
Cette exposition était intéressante. J'y ai découvert des peintres. Et j'ai pu visualiser le Paris ouvrier du XIXe siècle que j'ai lu dans Zola.