Dimanche, c'était le dernier jour pour voir cette exposition au Petit Palais. Le sujet du dessin ne m'avait pas attiré, mais un ami m'en a parlé. Je me suis dit que j'allais peut-être rater quelque chose. Et, en effet j'ai découvert de belles oeuvres allant du XVIIème au XIXème siècle.
Louis-Antoine et Véronique Prat ont commencé cette collection dans les années 70's. C'est l'un des ensembles privés de dessins les plus prestigieux au monde. Cette collection avait déjà été présentée en 1995 au Louvre. Louis-Antoine a travaillé au département des arts graphiques jusqu'en 2017. Et depuis 2007, il donne des cours d'histoire du dessin français à L'Ecole du Louvre.
A cette période, l'Italie attire les artistes français comme Claude Gellée dit le Lorrain (1600-1682) pour qui la campagne romaine sera sa principale source d'inspiration. Ou François Perrier (1594-1649) qui y séjourna plusieurs fois. Simon Vouet (1580-1649) y resta 15 ans. A son retour en France, il entreprit une grande carrière de décorateur et de peintre d'histoire. Eustache Le Sueur (1616-1655) et Laurent de La Hyre (1606-1656) ne se rendirent pas en Italie, mais s'inspirèrent des tableaux italiens présents dans les palais royaux et collections parisiennes. Le Toulousain Antoine Rivalz (1667-1735) séjourna à Rome de 1687 à 1702. Il y créa des amitiés et reçut autant de commandes romaines que toulousaines.
Claude GELLEE dit LE LORRAIN, La Madeleine en prière dans le désert (plume et encre brune, lavis brun et gris et rehauts de blancs)
François PERRIER, L'Aurore sur son char (plume et encre brune, lavis gris et rehauts de gouache blanche sur paier crème)
Eustache LE SUEUR, Homme drapé, de profil à droite, tenant derrière son dos un rouleau déployé (pierre noire et rehauts de blanc sur papier beige)
Laurent de LA HYRE, L'Enlèvement d'Europe (pierre noire, pinceau, lavis brun et légers rehauts de blanc sur papier crème)
Antoine RIVALZ, Saint Pierre guérissant les malades de son ombre (pierre noire, pinceau, lavis brun et rehauts de blanc sur 6 feuilles de papier beige accolées)
C'était aussi l'époque, où les peintres décorateurs se faisaient remarquer comme Charles le Brun ou Charles de La Fosse (1636-1716). et aussi Jean-Baptiste Corneille (1649-1695).
Jean-Baptiste CORNEILLE, Allégorie présumée de la Paix et du Commerce (plume et encre brune, lavis brun et légers rehauts de blanc sur papier crème)
Pendant la Régence (1715-1723), l'art devient plus poétique. Antoine Watteau représente cette tendance à travers des fêtes galantes imaginaires et des évocations des progrès de l'amour. François Boucher (1703-1770) lui succèdera en l'enrichissant d'une iconographie mythologique à travers laquelle il célébrera les amours des dieux.
Au XVIIIème siècle, les églises font de nombreuses commandes. Une tradition d'iconographie chrétienne va se refléter dans l'art. En particulier chez le provençal Michel-François Dandré-Bardon (1700-1783) qui sera très expressif.
Michel-François DANDRE-BARDON, La Paix de 1748 (plume et encre brune, sanguine et estompe sur traits de pierre noire)
Michel-François DANDRE-BARDON, Saint Charles Borromée en prière (sanguine et rehauts de blanc sur papier crème)
Les fouilles de Pompéi et d'Herculanum vont susciter un regain d'intérêt pour l'antique. Les frères Desprez entre autres vont refléter ce goût pour l'archéologie.
Louis-Jean DESPREZ (1743-1804), Vue du Colisée, à Rome, lors d'une cérémonie religieuse (plume et encre noire, aquarelle et rehauts de gouache)
Puis le réalisme s'impose peu à peu, en même temps que s'affirme le goût pour la peinture nordique du siècle précédent. Jean-Baptiste Greuze (1725-1805) et Claude Hoin (1750-1817) expriment une tendance nouvelle au réalisme du portrait.
Jean-Baptiste GREUZE, Tête de femme de profil, tournée vers la gauche (sanguine sur fond de contre-épreuve)
Le voyage d'Italie demeure l'ambition des jeunes artistes, avec le séjour à Rome pour les lauréats du Grand Prix. Charles Natoire directeur de l'Académie de France à Rome de 1751 à 1775 poussera les artistes à peindre sur le motif à la sanguine ou à l'aquarelle comme Jean-Pierre Houël (1735-1813).
Il y avait aussi ces tableaux de Jacques Gamelin (1738-1803) et Jean-Charles Delafosse (1734-1789) :
Jacques GAMELIN, Choc de cavalerie (plume et encre noire, lavis gris et rehauts de blanc sur papier teinté de bleu
Jean-Charles DELAFOSSE, Young composant ses "Nuits" (plume et encre brune, lavis brun et gris sur quelques traits de pierre noire, sur deux feuilles accolées)
A la fin du XVIIIème siècle, le néoclassicisme apparaît. Jacques-Louis David (1748-1825) le représente en France. Son succès laisse peu de places à ses rivaux comme Pierre Peyron (1744-1814), François-André Vincent (1746-1816) ou Pierre-Paul Prud'hon (1758-1823).
Jacques-Louis DAVID, Portrait de François Eugène David et de son épouse Anne Thérèse (crayon noir et rehauts de blanc sur papier crème)
Pierre PEYRON, La Mort d'Alceste (plume et encre noire, lavis brun et rehauts de blanc sur papier beige)
François-André VINCENT, La Leçon d'agriculture (plume et encre brune, lavis brun sur traits de sanguine)
Pierre-Paul PRUD'HON, Psyché enlevée par les Zéphyrs (Pierre noire, craie blanche et estompe sur papier bleu. Trait d'encadrement à la pierre noire).
Il y avait aussi ces beaux dessins de Armand-Charles Caraffe (1762-1822), Auguste-Félix Fortin (1763-1832), Guillaume Lethière (1760-1830) et Charles Meynier (1763-1832) :
Armand-Charles CARAFFE, Phalaris tue d'un coup de flèche le fils d'un de ses favoris pour prouver à ses convives qu'il avait encore la main sûre (plume et encre noire, lavis noir et brun et rehauts de gouache blanche).
Auguste-Félix FORTIN, Les Deux Brutus survolés par la Renommée (plume et encre noire, lavis noir et brun et rehauts de gouache blanche)
Guillaume LETHIERE, Critias et Théramène (plume et encre brune, lavis brun et rehauts de blanc sur pierre noire
Charles MEYNIER, Ulysse devant Alcinoüs et la reine Arété (pierre noire, plume et encre brune, lavis brun et rehauts de blanc sur cinq feuilles de papier crème accolées.
La gloire de Napoléon sera illustrée par David, mais aussi par ses élèves dont Anne-Louis Girodet (1767-1824) et Antoine-Jean Gros (1771-1835). C'est avec Gros que se manifestent les tensions entre le néoclassicisme et le romantisme. Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867) était l'apôtre du classicisme respectueux des formes.
AnneLouis GIRODET, Turc vu de dos, tourné vers la gauche, levant sa lance et son bouclier (Pierre noire, fusain, estompe, rehauts de craie blanche et de pastel sur papier beige).
Jean Auguste Dominique INGRES, Le Songe d'Ossian (plume et encre brune, aquarelle. Mis au carreau au graphite).
Il y avait aussi les beaux dessins d'Alexandre-Evariste FRAGONARD (1780-1850), Théodore Chassériau (1819-1856) et Eugène Isabey (1803-1886) :
Alexandre-Evariste FRAGONARD, François Ier, accompagné de la reine de Navarre sa soeur et entouré de sa cour, reçoit les tableaux et les statues rapportées d'Italie par le Primatice (plume et encre brune, rehauts d'aquarelle et de gouache sur graphique)
Eugène ISABEY, La reine Victoria reçoit Louis-Philippe à bord de son yacht royal au Tréport (1843), (aquarelle gouachée sur papier crème).
Après 1850, le réalisme est présent sous les crayons de Théodore Rousseau (1812-1867) ou de Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898).
Théodore ROUSSEAU, Le Chemin d'Arbonne à Marcherin (plume et encre brune, lavis brun et graphite sur papier crème).
Il y avait aussi ces beaux dessins de Gustave Doré (1832-1883) et Henri Regnault (1843-1871) :
A ce moment de l'exposition, ça m'a peu inspiré. Les dessins de Victor Hugo ou Charles Baudelaire entre autres, étaient trop abstraits. Il y a juste des dessins de Rodolphe Bresdin (1822-1885) qui m'ont attiré l'oeil. Ainsi qu'un dessin d'Henri Toulouse-Lautrec (1864-1901).
Rodeolphe BRESDIN, Femmes se baignant dans une rivière entourée de falaises rocheuses (plume et encre de Chine sur bristol)
Voilà, c'était une exposition assez intéressante.
Le catalogue de l'exposition "La force du dessin. Chefs-d'oeuvre de la collection Prat. Ed. Paris Musées, 2020. (326p.) ", est un très gros livre imprimé sur du papier bouffant. Ce papier met très bien en valeur les oeuvres de l'exposition qui sont toutes représentées. Elles sont accompagnées d'une explication.