L'été dernier, le musée de l'Orangerie organisait une exposition sur une période très brève de la carrière de René Magritte (1898-1967) : la période Renoir (1943-1947). Elle confrontait les oeuvres de Magritte à celles d'Auguste Renoir qui l'ont inspiré.
Je n'avais jamais vu d'exposition sur Magritte. Ce fut une belle découverte, d'autant plus que de nombreux tableaux venaient de Bruxelles ou de collections particulières.
René Magritte (1898-1967) est un peintre surréaliste belge. En 1939, il se lasse de la peinture et a besoin d'associer des idées. Dans le tableau "Présent", il symbolise la République de Weimar par un rapace qui revêt une apparence humaine. En guise d'oeufs, il couve des grelots symbole du fou dans la tradition carnavalesque.
Quand les Allemands envahissent la Belgique, il s'exile à Carcassonne. Puis, il revient en Belgique et peint "Le retour" l'image d'un oiseau qui retrouve son nid. Le nid de Magritte, c'est Bruxelles. Nid douillet qui lui permet de retrouver sa femme Georgette. Les toiles que peint Magritte à ce moment expriment sa passion et sa joie de vivre.
René Magritte, Le Retour (1940), huile sur toile. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
René Magritte, Le Retour de flamme (1943), huile sur toile. Collection particulière, courtesy Fondation René Magritte.
René Magritte, Portrait de Georgette Magritte (1946), huile sur toile. Collection Raquel et Andrew Segal.
Après la défaite des Allemands, Magritte s'intéresse à Auguste Renoir (1841-1919). Il collecte des ouvrages récents consacrés au peintre impressionniste et se concentre sur les oeuvres tardives.
René Magritte, L'Univers interdit (1943), huile sur toile. Bruxelles, Donatin Fernand Graindorge, collection de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
René Magritte, La Moisson (1943), huile sur toile. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
Pierre-Auguste Renoir, Nu couché (vers 1890-1895), huile sur toile. Cologne, Wallraf-Richartz-Museum & Fondation Corboud.
Dans cette série de tableaux peints en 1943-1944, on retrouve le côté impressionniste de Renoir.
René Magritte, La Cinquième Saison (1943), huile sur toile. Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
René Magritte, Le Sourire (1943), huile sur toile. Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique.
Les premières expositions des oeuvres "Renoir" de René Magritte provoquent des réactions indignées. Pour aider à la compréhension de ses oeuvres nouvelles, Magritte rédige "L'Imbécile, L'Emmerdeur et l'Enculeur", une série de tracts potaches, imprimés en une centaine d'exemplaires et destinés à des personnages tels que les notaires, militaires, juges, curés. Ces pamphlets sont saisis par les autorités avant d'atteindre leurs destinataires. Le groupe surréaliste s'indigne des propos scabreux.
René Magritte, "L'Imbécile, L'Emmerdeur et L'Enculeur", (04/06/1946), tracts imprimés. Collection particulière.
René Magritte, La Bonne Fortune (1945), huile sur toile. Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
Dès la naissance du mouvement surréaliste, Lewis Carroll (1832-1898) et son roman "Les aventures d'Alice au pays des merveilles (1865)" sont consacrés surréalistes.
"L'impressionnisme" auquel adhère Magritte pendant la seconde guerre mondiale connaît un développement graphique qu'il traduit à travers des oeuvres réalisées aux crayons de couleur ou à la gouache. L'humour noir est très présent.
René Magritte, Le Sourire / Le Plaisir dit aussi La Jeune fille mangeant un oiseau (1946), gouache sur papier. Bruxelles/Milan, collection Lucien Bilinelli.
Dans l'exposition "Le surréalisme" en 1947, les oeuvres de Magritte apparaissent dans une section consacrée aux "surréalistes malgré eux".
René Magritte, L'Incendie (1943), huile sur toile. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
René Magritte, L'Intelligence (1946), huile sur toile. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
Cette semi exclusion irrite Magrite. Au printemps 1948, la galerie du faubourg lui propose d'exposer ses oeuvres. Il y voit l'occasion de régler ses comptes avec le surréalisme parisien et réalise en quelques jours une série de tableaux outranciers et carnavalesques que ses proches ne peuvent qualifier que de "vaches". Magritte pousse aux limites du supportable l'intensité chromatique et le grotesque.
René Magritte, Le Lyrisme (1947), huile sur toile. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
René Magritte, La vie des insectes (1947), huile sur toile. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
René Magritte, La Famine (1948), huile sur toile. Bruxelles musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
Le catalogue de l'exposition : "Magritte Renoir Le surréalisme en plein soleil. Ed. Réunion des musées nationaux - Grand Palais, 2021 (191p.)" est un petit livre qui malheureusement ne propose pas la totalité des oeuvres exposées. Il est imprimé sur du papier glacé ce qui donne de belles couleurs aux oeuvres.