Le Petit Palais a organisé une exposition monographique sur l'artiste peintre finlandais : Albert Edelfelt (1854-1905). Une centaine d'oeuvres étaient exposées, afin de retracer sa carrière et montrent comment cet artiste a contribué à la reconnaissance de l'art finlandais. L'exposition fut organisée avec l'Ateneum Art museum d'Helsinki dont proviennent la majorité des oeuvres. Je vous résume l'exposition à travers les panneaux de l'exposition et les tableaux coups de coeur.
Albert Edelfelt suit une première formation artistique à Helsinki, puis bénéficie d'une subvention d'Etat lui permettant de poursuivre ses études à l'Académie des beaux-arts d'Anvers. Arrivé à Paris en 1874, il assiste aux cours de Jean-Léon Gérôme (1824-1904) à l'Ecole des beaux-arts. Edelfelt réside à Paris de façon permanente jusqu'en 1889, année où il repart s'installer en Finlande, mais il conserve toute sa vie un lien avec la capitale française, où il vécut ses plus grands succès.
Albert Edelfelt, Académie masculine, de dos (1874), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Etude de femme nue (1874), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt naît en 1854 au manoir de Kiliala à Porvoo, sur la côte sud de la Finlande. Son père, Carl Albert Edelfelt (1818-1869) est un architecte d'origine suédoise. Sa mère, Alexandra Edelfelt (1833-1901) est issue d'une famille de marchands. Le couple donne naissance à 3 filles : Ellen (1859-1876), Annie (1866-1935) et Berta (1869-1934). En 1866, la famille déménage à Helsinki. A la mort de son père, il se retrouve au sein d'un univers essentiellement féminin. Albert aura un attachement profond pour Haikko, une petite bourgade où la famille achète une villa en 1879. Il y séjourna régulièrement avec sa femme, Ellan de la Chapelle.
Albert Edelfelt, Portrait d'Alexandra Edelfelt, mère de l'artiste (1883), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Portrait d'Ellen Edelfelt soeur de l'artiste (1876), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Portrait d'Annie Edelfelt, soeur de l'artiste (1883), huile sur panneau. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Portrait de Berta Edelfelt, soeur de l'artiste (1884). Huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Portrait d'Ellan Edelfelt, femme de l'artiste (1896), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Lors de ces études dans l'atelier de Jean-Léon Gérôme, Edelfelt crée des liens d'amitiés avec des confrères finlandais comme Ville Vallgren (1855-1940) et de jeunes artistes, en particulier Pascal Dagnan-Bouveret (1852-1929).
Riche de son enseignement académique, Edelfelt se lance dans une grande composition historique qu'il présenta au Salon de 1877. Encouragé par ce succès, il continua l'année suivante. Puis, s'inspira d'un sombre épisode de l'histoire finlandaise. Albert Edelfelt se documente en se rendant au musée de Cluny, où il dessine meubles, costumes et oeuvres qui lui servent ensuite de répertoires de modèles.
Ville Vallgren, buste d'Albert Edelfelt (1886), bronze, piédouche en marbre. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Pascal Dagnan-Bouveret, Portrait d'Albert Edelfelt (1887), huile sur bois. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, le Jardin du musée de Cluny à Paris (1878), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Blanche de Namur, reine de Suède, et le prince Haquin (1877), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Le Duc Charles insulte le cadavre de son ennemi Klaus Fleming, 1597 (1878), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Le village incendié : épisode de la révolte des paysans finlandais, en 1596 (1879), huile sur toile.
En 1875, sa rencontre avec Jules Bastien-Lepage (1848-1911) le fait évoluer vers une autre voie, le pleinairisme, mouvement privilégiant l'étude de la lumière et l'observation de la nature. En 1879, il met en oeuvre ces nouveaux principes dans Le Convoi d'un enfant, Finlande qui lui valut une médaille de 3ème classe au Salon de 1880 et la reconnaissance de la critique. Edelfelt continua à produire de nombreux tableaux dans la même veine. Jusqu'à ce qu'en 1882, l'Etat français lui achète son tableau Service divin au bord de la mer.
Albert Edelfelt, Le Convoi d'un enfant, Finlande (1879), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Service divin au bord de la mer, Finalande (1881), huile sur toile. Paris, musée d'Orsay.
Albert Edelfelt, Enfants au bord de l'eau (1884), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Inspiré du naturalisme de Jules Bastien-Lepage, Edelfelt n'écarte pas l'art des impressionnistes, comme le montrent Toits de Paris sous la neige et Sous les bouleaux. Il s'intéresse aux sujets de la vie moderne, dont Paris et ses alentours donnent de beaux exemples (Au parc de Saint-Cloud). Cependant, Edelfelt ne réalise qu'un seul grand tableau de sujet parisien au cours de sa carrière : Au jardin du Luxembourg.
Albert Edelfelt, Toits de Paris sous la neige (1887), huile sur panneau. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Jeunes filles dans une barque (1886), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Au parc de Saint-Cloud (1905), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Au jardin du Luxembourg (1887), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Au Salon de 1886, Edelfelt s'impose avec la présentation du Portrait de Louis Pasteur. La critique reconnaît sa supériorité face à un peintre confirmé, Léon Bonnat, qui expose également une effigie du scientifique. C'est la 2ème oeuvre que l'Etat français lui achète. Loin du simple portrait tel que l'avaient proposé François Lafon en 1884 ou Bonnat en 1886, Edelfelt réalise une vrai allégorie de la science. On retrouve cette approche dans le portrait du docteur Roux.
Albert Edelfelt, portrait de Louis Pasteur (1885), huile sur toile. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, en dépôt au musée d'Orsay.
François Lafon (1846-1913), Portrait de Louis Pasteur (1884), huile sur toile. Paris la Défense, Centre national des arts plastiques, en dépôt au musée des Beaux-Arts de Dole.
Léon Bonnat (1833-1922), Portrait de Louis Pasteur et de sa petite-fille, Camille Vallery-Radot, 1886, huile sur toile. Paris, collection musée Pasteur, Institut Pasteur.
Albert Edelfelt, Portrait du docteur Roux faisant son cours (1895), huile sur toile. Paris, collection musée Pasteur, institut Pasteur.
Dès sa rencontre avec Jean-Baptiste Pasteur (fils de Louis) en 1880, Edelfelt entretient une solide amitié avec la famille, dont il devient le portraitiste attitré.
Albert Edelfelt, Portrait de Jean-Baptiste Pasteur (1881), huile sur toile. Paris, collection musée Pasteur, institut Pasteur.
Albert Edelfelt, Portrait de René Vallery-Radot (1888), huile sur toile. Paris, collection musée Pasteur, institut Pasteur.
Albert Edelfelt, Portrait de Madame Pasteur en deuil (1899), huile sur toile. Paris, collection musée Pasteur, institut Pasteur.
Albert Edelfelt, Portrait de Camille Vallery-Radot (1901), huile sur toile. Paris, collection musée Pasteur, institut Pasteur.
Les portraits représentent environ la moitié de l'oeuvre d'Albert Edelfelt. Il est très recherché dans les cercles mondains, tant intellectuels que politiques ou princiers. Sa carrière culmine avec les commandes de la famille impériale russe. En 1881, il est nommé membre de l'Académie des Beaux-Arts de Russie.
Albert Edelfelt, Michael et Xenia, enfants du tsar Alexandre III (1882), huile sur toile. Collection particulière.
Edelfelt se plaît à représenter les élégantes parisiennes, dans la sphère publique ou privée, bien souvent sous les traits de son modèle favori, Virginie.
Edelfelt décrit avec précision leurs costumes ou leurs accessoires, l'une écrivant une lettre, l'autre lisant, jouant du piano ou posant avec son éventail.
Albert Edelfelt, Jeune femme rousse tenant un éventail japonais (1879), huile sur panneau. Collection Niemistö.
Albert Edelfelt, Parisienne lisant (1880), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Femme en noir, assise (Thérèse noire) 1886, huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
La diva finlandaise Aïno Ackté (1876-1944) est une des égéries d'Edelfelt. Il en fait 2 portraits : l'un en robe noire, l'autre en tenue de scène.
Albert Edelfelt, Portrait de la cantatrice Aïno Ackté (1901), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Aïno Ackté en Alceste sur les rives du Styx (1902), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Edelfelt entretient un lien fort avec sa terre natale. Disposant d'un atelier à Haikko, il y retourne tous les étés. Le peintre puise son inspiration dans les paysages nordiques mêlant lacs et forêts, la vie rurale de ses compatriotes finlandais (paysans et marins), la lumière crépusculaire, sans oublier la neige et les maisons de bois. Il fait preuve d'une grande tendresse dans la représentation de ses concitoyens.
Albert Edelflet, L'Heure de la rentrée des ouvriers, Finlande (1885), huile sur toile. Copenhague, musée nationale d'Art.
Albert Edelfelt, Devant l'église, Finlande (1887), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Coucher de soleil sur les collines de Kaukola (1889-1890), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Paysage d'hiver au parc Kaivopuisto, Helsinki (Journée de décembre) 1892, huile sur toile. Paris, musée d'Orsay.
Albert Edelfelt, Vue sur Haikko (1899), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Vieille paysanne finlandaise (1882), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Apprentis tailleurs dans un asile d'enfants, Finlande (1885), huile sur toile. Collections Reitz.
Albert Edelfelt, Petite fille tricotant une chaussette (1886), huile sur toile. Mänttä, fondation des Beaux-Arts Gösta Serlachius
Albert Edelfelt, Mouillage à Copenhague III (1890), huile sur toile. Helsinki, Palais présidentiel, collection impériale.
Albert Edelfelt, Chagrin (1894), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt joue un rôle majeur dans la promotion de la Finlande ainsi que dans sa lutte pour l'indépendance face à l'impérialisme russe, comme son compatriote Juhani Aho (1861-1921) écrivain et journaliste francophile. Lors de l'exposition universelle de 1889, Edelfelt dessine une allégorie représentant la Finlande accompagnée de la Russie accueillie par Paris.
Albert Edelfelt, Image de couverture pour la revue artistique Helsingfors-Paris 1889 (1889), crayon et encre de Chine sur papier. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Portrait de l'écrivain Juhani Ano (1892), huile sur toile. Turku, musée d'art, collection Nils Dahlström.
Le militantisme d'Edelfelt apparaît dans plusieurs oeuvres : Larin Paraske (incantation) chanteuse de runes, elle joue un très grand rôle dans la transmission de la poésie folklorique par sa restitution orale des grands textes nationaux. Dans Pêcheurs finlandais, Edelfelt symbolise la patrie décidée à lutter contre l'oppresseur. Ce tableau est devenu l'icône de la résistance patriotique. L'île de Särkkä, Helsinki peut être un manifeste en faveur de l'autonomie finlandaise puisque la forteresse a été construite sur l'île au XVIIIe siècle pour résister à l'envahisseur russe.
Albert Edelfelt, Larin Paraske (incantation) 1893, huile sur toile. Hämeenlinna, musée d'Art, fondation Vyborg
Albert Edelfelt, Pêcheurs finlandais (1898), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, L'île de Särkkä, Helsinki (1894), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt est nommé commissaire de la section finlandaise à l'Exposition universelle de 1900. Il est chargé de la décoration du pavillon : il commande plusieurs oeuvres à des confrères et peint lui-même deux paysages dont une vue du port de Helsinki.
Albert Edelfelt, Le port de Nyländska Jaktklubben à Helsinki (1899), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, meurt le 18 Août 1905 à Haikko, dans ce lieu qui lui est cher et qu'il représente jusqu'à la fin de sa vie. C'est aussi un refuge lié à toutes les femmes qui l'entourent : sa mère, sa femme et ses soeurs Berta et Annie.
Albert Edelfelt, La Villa d'été de l'artiste à Haikko (1905), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Le Cottage des Karlsson (1905), aquarelle, gouache et crayon sur carton. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Le long du rivage (Annie Edelfelt et son chien) 1883, huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Albert Edelfelt, Jeunes filles nouant des guirlandes, étude (vers 1886), huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Cette exposition m'a beaucoup plu, en particulier les portraits réalisés avec beaucoup de précisions et les scènes de vie du peuple finlandais qui nous plongent souvent dans une ambiance de recueillement. Vous pouvez retrouver toutes les oeuvres exposées dans le catalogue de l'exposition : "Albert Edelfelt, lumières de Finlande", Ed. Paris musées, 2022 (208 p.). C'est un livre de format A4. Les oeuvres y sont bien reproduites sur du papier mat. On y retrouve toutes les explications données dans l'exposition avec quelques pages développant les principaux thèmes abordés.