Le décor impressionniste

Publié par Faustine sur 23 Juillet 2022, 12:11pm

Catégories : #exposition, #impressionnisme, #art français du XIXe, #peinture française du XIXe, #peinture française du XXe, #paysage, #scène de genre, #nature morte, #portrait

Cette année, le musée de l'Orangerie a organisé une exposition mettant en valeur des oeuvres impressionnistes. Vous vous dites que vous en avez déjà fait le tour. Mais non, car ici étaient exposées des oeuvres que les artistes avaient réalisées afin d"égayer le quotidien (panneaux décoratifs, éventails, assiettes...). De plus, une grande partie venaient de musées étrangers pour la première fois à Paris. Je reprends les panneaux de l'exposition et partage les oeuvres ne provenant pas des musées parisiens pour la majorité.

Début du décor impressionniste

Dès la fin des années 1850, Renoir (1841-1919) ou Pissarro (1830-1903) exécutent leurs premières oeuvres décoratives. Ce sont des commandes souvent amicales ou familiales, servant de ressources alimentaires. Les futurs impressionnistes explorent la thématique florale, traditionnelle dans les décors des demeures privées. Dans les années 1860, Renoir réalise une vingtaine de décors pour des cafés parisiens, par exemple un clown pour le café du Cirque d'hiver. Avec le paysage, Pissarro introduit dans la peinture décorative le plein air et les tons clairs pour la salle à manger de son cousin à Yport, ou dans des dessus-de-porte pour celle du photographe Gustave Arosa (1818-1883) à Saint-Cloud. Ces panneaux se distinguent par leurs formats, oblongs ou carrés. Cézanne (1839-1906) couvre les murs du salon de la maison familiale du Jas de Bouffan.

Pierre Auguste Renoir, Le clown musical (1868), huile sur toile. Otterlo, Kröller-Müller Museum.

Camille Pissarro, Vaches s'abreuvant dans l'étang de Montfoucault, automne - L'Etang de Montfoucault en hiver, effet de neige (1875), huile sur toile. Tokyo, Yoshino Gypsum Co., Yoshino Gypsum Art Foundation.

Camille Pissarro, Les Quatre Saisons : Le Printemps, l'Eté, l'Automne, l'Hiver à Louveciennes (1872-1873), huile sur toile. Collection particulière suisse.

Camille Pissarro, Les Quatre Saisons : Le Printemps, l'Eté, l'Automne, l'Hiver à Louveciennes (1872-1873), huile sur toile. Collection particulière suisse.

Paul Cézanne, Les Quatre saisons : Le Printemps, l'Eté, l'Hiver, l'Automne (vers 1860-1861), huile sur plâtre transposée sur toile. Paris, Petit Palais musée des Beaux-Arts.

Paul Cézanne, Les Quatre saisons : Le Printemps, l'Eté, l'Hiver, l'Automne (vers 1860-1861), huile sur plâtre transposée sur toile. Paris, Petit Palais musée des Beaux-Arts.

Commandes de décors impressionnistes

Au cours des années 1870, au fil d'expositions indépendantes, les impressionnistes affichent leurs ambitions dans le domaine de la décoration. Ils y montrent des oeuvres désignées comme "décoratives" par leur titres et dimensions. Certains reçoivent des commandes : Monet pour le château de Rottembourg à Montgeron propriété du collectionneur Ernest Hoschedé (1837-1891) ou Gustave Caillebotte (1848-1894) pour sa maison ou l'appartement de son frère Martial. Mais le plus souvent ces panneaux ne sont pas conçus pour des lieux prédéterminés. A cette époque, les pouvoirs publics font des commandes de "grandes décorations" pour les mairies, gares ou écoles. Les impressionnistes n'y participeront pas. Leurs sujets modernes et leurs couleurs claires déconcertent le public. Sauf l'artiste américaine Mary Cassatt (1844-1926) qui exécute pour Chicago en 1893, une fresque murale célébrant la "femme moderne".

Claude Monet, Les Dahlias, Montgeron, dit aussi Les Rosiers dans le jardin de Montgeron (1876), huile sur toile. Potsdam, collection Hasso Plattner.

Claude Monet, La Mare à Montgeron, dit aussi Coin d'étang à Montgeron (1876), huile sur toile. Tel Aviv, collection Zohar Zisapel.

Gustave Caillebotte, Périssoires. Panneau décoratif, dit aussi Périssoires sur l'Yerres (1878), huile sur toile. Rennes, musée des Beaux-Arts.

Gustave Caillebotte, Baigneurs. Panneau décoratif, dit aussi Baigneurs, bord de l'Yerres - Pêche à la ligne (1878), huile sur toile. Collection particulière..

Gustave Caillbotte, La Berge du Petit-Gennevilliers et la Seine (1890), huile sur toile. Collection particulière.

Edouard Manet, Jeanne dit aussi Le Printemps (Jeanne Demorsy) 1881, huile sur toile. Los Angeles, The J. Paul Getty Museum.

Mary Cassatt, Jeunes femmes cueillant des fruits (1891-1892), huile sur toile. Pittsburgh, Carnegie Museum of Art.

Objets décorés

Au cours de leur carrière, les impressionnistes conçoivent de menus objets de nature et de statuts divers. Pissarro exécute des carreaux de céramique pour une jardinière. Avec Degas et d'autres, il produit des éventails, objets décoratifs très en vogue. Félix Bracquemond (1833-1914) décore des assiettes.

Camille Pissarro, La Cueillette des pommes (vers 1883-1884), peinture sur carreau de faïence. Collection Carey Family.

Camille Pissarro, Gardeuse d'oie, éventail (1890), gouache sur soie. Collection particulière.

Edgar Degas, Deux danseuses, éventail (1878), aquarelle et rehauts d'or et d'argent sur soie contrecollée sur carton. Collection particulière.

Félix Bracquemond, Deux assiettes plates du second service Rousseau : la pluie, Notre-Dame (1869-1870), faïence fine. Paris, musée des Arts décoratifs.

Sources d'inspiration

A partir des années 1880, les impressionnistes se tournent vers le passé. Ils puisent à des sources diverses, du nu antique au XVIIIe siècle français. Renoir (1841-1919) s'intéresse à l'architecture, il en observe les sculptures, et admire la peinture murale de la Renaissance. La présence de son tableau Baigneuses était exceptionnelle. Il n'avait pas quitté son musée depuis plus de 80 ans ! Le collectionneur d'art Maurice Gangnat (1856-1924) lui a commandé 2 tableaux de danseuses pour décorer son salon. Berthe Morisot (1841-1895), décore la salon de son appartement parisien avec une oeuvre inspirée de François Boucher (1703-1770).

Pierre-Auguste Renoir, Nu d'homme dans un paysage, dit aussi Le Fleuve (1885), huile sur toile. Collection particulière.

Pierre-Auguste Renoir, Baigneuses. Essai de peinture décorative, dit aussi les Grandes Baigneuses (1884-1887), huile sur toile. Philadelphie, Philadelphia Museum of Art.

Pierre-Auguste Renoir, Danseuse aux castagnettes - Danseuse au tambourin (1909), huile sur toile. Londre, The National Gallery.

Berthe Morisot, Vénus va demander ses armes à Vulcain, dit aussi Vénus dans la forge de Vulcain copie d'après François Boucher (1883-1884), huile sur toile. Collection particulière.

Composition de fleurs

Par leur infinie variété, les fleurs et les bouquets constituent le motif décoratif, très répandu sur les recueils d'ornements du XIXe siècle. Faciles à saisir sur la toile, les impressionnistes s'illustrent dans la peinture des fleurs. Leurs tableaux et panneaux décoratifs se couvrent de bouquets colorés, parfois à la demande de clients, comme les panneaux de porte de Monet pour son marchand, Durand-Ruel. Fleurs et plantes envahissent aussi les décors destinés à leurs propres demeures, comme ceux de Caillebotte.

Claude Monet, Panneaux de portes de l'appartement de Paul Durand-Ruel : Azalées rouges en pot, Dahlias, Pêches, Panier de pommes (1883-1885), huile sur toile. Collection particulière.

Gustave Caillebotte, Quatre panneaux de porte pour la maison de l'artiste : Orchidées, orchidées, Fleurs blanches et roses, Bégonias argentés et cypripèdes. - Orchidées, Cattleya et anthurium, Orchidées à fleurs blanches, Cattleya et plantes à fleurs rouges (1893), huile sur toile. Collection particulière.

Claude Monet, Massif de chrysanthèmes (1897), huile sur toile. Bâle, Kunstmuseum Basel.

Naissance des nymphéas

En 1893, dix ans après s'être installé à Giverny, Monet aménage un "jardin d'eau" dans le but d'avoir des motifs à peindre. Il fleurit le bassin et ses rives, source d'inspiration pendant plus de 25 ans. Dès la fin des années 1890, le thème des nymphéas prend une dimension décorative. Monet songe à décorer un salon qui aurait permit de se recueillir au milieu d'un bassin fleuri. Le projet n'aboutit pas, mais des séries de tableaux "bassin aux nymphéas" et "paysages d'eau" exposées à la galerie Durand-Ruel donnent une sensation d'enveloppement aux visiteurs.

Manufacture de la Savonnerie d'après Claude Monet, Nymphéas (1911-1913), Tapis velours, laine. Paris, mobilier national.

Claude Monet, Le Bassin aux nymphéas (1899), huile sur toile. Londres, The National Gallery.

Claude Monet, Nymphéas (1908), huile sur toile. Vernon, musée municipal Alphonse-Georges-Poulain.

Cette exposition était intéressante. Elle nous faisait découvrir un domaine de l'impressionnisme assez méconnu. Le catalogue de l'exposition de format A4 : "Le décor impressionniste, aux sources des nymphéas. Ed. Hazan, 2022, (290 p.)", imprimé sur du papier glacé, permet de retrouver toutes les oeuvres exposées qui sont bien reproduites. Les thèmes de l'exposition sont développés et enrichis de quelques illustrations.

Albert Edelfelt (1854-1905), lumières de Finlande

Giovanni Boldini, Les plaisirs et les jours

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