Le Petit Palais vient d'organiser une exposition consacrée au peintre français Théodore Rousseau (1812-1867). La nature est omniprésente dans ses oeuvres et plus particulièrement la forêt de Fontainebleau. Je vous en fais un bref résumé, illustré de quelques oeuvres.
Théodore Rousseau fait son apprentissage dans l'atelier de Jean-Charles-Joseph Rémond (1795-1875), maître du paysage historique. En 1829, lors du concours du Prix de Rome, Théodore Rousseau renonce à la voie académique. Il explore la France : Auvergne, Normandie, Jura, Vendée, Pyrénénées, Berry. Mais, il n'ira pas en Italie comme font les peintres par tradition. Il rapporte de ces voyages : études, dessins et aquarelles représentant marais, sous-bois, rochers ou vieux arbres.
Théodore Rousseau, Etude de branche d'arbre avec une feuille (vers 1829), huile sur bois. Rotterdam, Museum Boijmans Van Beuningen, don Woulter Palte Collection.
Théodore Rousseau, Le Lac de Malbuisson (vers 1831), huile sur papier montée sur carton. Collection particulière.
Théodore Rousseau, Etude de troncs d'arbres (1833), huile sur toile. Strasbourg, musée des Beaux-Arts.
Théodore Rousseau, Village de Normandie (1833), aquarelle et gouache sur papier. Paris, Fondation Custodia, collection Frits Lugt.
Théodore Rousseau, Clairière près du village de Pierrefonds dans la forêt de Compiègne (1833), huile sur bois. Hambourg, Kunsthalle.
Théodore Rousseau, La Mare près de la route, ferme dans le Berry (1845-1848), huile sur bois. Paris, musée d'Orsay.
Théodore Rousseau travaille d'abord en plein air, puis retouche longuement (parfois des années) les oeuvres dans son atelier. C'est un artiste libre et indiscipliné : il crée des oeuvres hybrides, entre dessin et peinture. A partir de 1836, toutes ses oeuvres sont refusées au Salon. Il reviendra au Salon à partir de 1849. Théodore Rousseau portait le surnom de "grand refusé" par des critiques. Ce qui ne l'empêcha pas d'avoir du succès auprès des collectionneurs et du public qui étaient à la recherche d'authenticité.
Théodore Rousseau, Esquisse de paysage. Plaine avec mare et arbres (sans date), fusain et craie blanche sur toile. Caen, musée des Beaux-Arts.
Théodore Rousseau, Paysage boisé (1831-1834), fusain sur papier Ingres gris-bleu teinté dans la masse. Reims, musée des Beaux-Arts.
Théodore Rousseau, Paysage boisé, coup de vent (vers 1836), crayon conté, graphite, fusain, estompe, lavis gris, pochoir de gouahce blanche sur papier vélin beige. Reims, musée des Beaux-Arts.
Théodore Rousseau, Paysage d'Automne (sans date), huile sur toile. Valence, musée de Valence, art et archéologie.
Théodore Rousseau, Orage au-dessus d'un paysage valloné et boisé (1840-1860), huile sur bois. Rotterdam, Museum Boijmans Van Beuningen, don Woulter Palte Collection.
En 1847, Théodore Rousseau s'installe à Barbizon, petit hameau situé à l'orée de la forêt de Fontainebleau. Depuis quelques décennies, cette forêt attire de nombreux peintres qui logent à l'auberge du père Ganne. Puis, un train Paris-Melun favorisera son accès et permettra de former la "colonie" des peintres de Barbizon. Dans le cercle intime de Rousseau, on peut citer les peintres : Narcisse Diaz de la Pena (1807-1876), Jean-François Millet (1814-1875) et Charles Jacque (1813-1894). Constant Troyon (1810-1865) leur rend régulièrement visite sans oublier les critiques, collectionneurs et marchands.
Félix Noël, "Etat actuel de la maison de Théodore Rousseau, à Barbizon" dans L'Univers illustré (19 avril 1884), journal imprimé. Paris, Bibliothèque Nationale de France.
Henri Chapu (1833-1891), Millet et Rousseau (1884), plâtre sur traverse en bois. Le Mée-sur-Seine, musée Henri-Chapu.
Théodore Rousseau arpente la forêt seul du matin au soir. Les oeuvres qui ressortent de ces journées sont précisément situées. On peut le suivre dans ses promenades au fil des saisons : du pavé de Chailly, en passant par les sous-bois du Bas-Bréau, les déserts de Macherin et d'Apremont ou la Mare au Fées.
Théodore Rousseau, Le pavé de Chailly (1840-1850), huile sur bois. Barbizon, musée départemental des Peintres de Barbizon.
Théodore Rousseau, La Mare aux Fées, forêt de Fontainebleau (vers 1848), huile sur toile. Collection particulière.
Théodore Rousseau, La Chaussée du roi, dans la forêt de Fontainebleau (vers 1850), fusain, lavis brun et gris, rehauts d'aquarelle sur papier. Paris, musée du Louvre.
Théodore Rousseau, Bruyères du bois de Macherin (1860-1862), huile sur panneau. Paris, Fondation Custodia.
Théodore Rousseau, Le Cerisier de la Plante-à-Biau (1862), cliché-verre sur papier sensible, épreuve d'ancien tirage. Collection particulière.
Théodore Rousseau, Les Gorges d'Apremont en forêt de Fontainebleau (après 1862), huile sur toile. Copenhague, Ny Carlsberg Glyptotek
Théordore Rousseau, La Mare au chêne (1860-1865), huile sur bois. Cherbourg-en-Cotentin, musée Thomas Henry.
Théodore Rousseau, Clairière dans la Haute Futaie, forêt de Fontainebleau (avant 1866), huile sur bois. Paris, musée d'Orsay.
Théodore Rousseau, Sortie de forêt à Fontainebleau, soleil couchant (1848-1850), huile sur toile. Paris, musée du Louvre.
La forêt de Fontainebleau compte de nombreux arbres remarquables : chênes et hêtres séculaires. Ces arbres deviennent le passage obligé du peintre. Théodore Rousseau observe avec minutie leur structure, le croisement de leurs branches, leur musculature et noeuds. L'humain est réduit au minimum, ce sont les arbres les acteurs principaux.
Théodore Rousseau, Le Chêne de la Reine-Blanche (1840-1845), fusain et rehauts de craie blanche sur toile préparée gris-brun.
Théodore Rousseau, Arbre dans la forêt de Fontainebleau (1840-1849), huile sur papier marouflé sur toile. Londres, Victoria and Albert Museum.
Théodore Rousseau, Les Grands Chênes du vieux Bas-Préau (1857), plume et encre sépia sur papier. La Haye, De Mesdag Collectie.
Théodore Rousseau, Un petit groupe de grands arbres près du bois de Macherin (1858-1862), fusain sur papier. Copenhague, Statens Museum for Kunst.
Théodore Rousseau, Le Chêne de roche (1861), eau-forte sur papier de Chine. Collection particulière.
Théodore Rousseau, Les Bois et les pommiers de Belle-Marie (1860-1862), encre ou peinture à l'eau et touches de peinture à l'huile en grisaille sur toile. Copenhague, Ny Carlsberg Glyptotek.
Dès les années 1840, artistes, critiques et écrivains se préoccupent du sort de la forêt qui est saccagée par les coupes massives d'arbres pour l'industrie. Mais aussi, le développement du tourisme et ses aménagements viennent polluer son paysage. Théodore Rousseau exécute des oeuvres cherchant à susciter la compassion du spectateur. Puis, en 1852, il adresse une lettre au ministre de l'intérieur (le comte de Morny), au nom de tous les artistes qui peignent la forêt. Les lieux qui leur servent de modèles et d'inspiration doivent être préservées. En 1853, la première réserve naturelle au monde naît sous le nom de "série artistique".
Théodore Rousseau, Le Massacre des Innocents ou Abattage d'arbres dans l'île de Croissy (1847), huile sur toile. La Haye, De Mesdag Collectie.
Théodore Rousseau, L'Arbre penché au carrefour de l'Epine (1852), huile sur toile. La Haye, De Mesdag Collectie.
Jean-François Millet, Bouleau mort, carrefour de l'Epine, forêt de Fontainebleau (1866), pastel sur papier. Dijon, musée des Beaux-Arts.
Cette exposition m'a un peu déçue. Je m'attendais à des paysages plus éclatants alors que la majeure partie était très sombre. Et on voit bien que Théodore Rousseau n'est pas académique. Sans le titre des oeuvres, il était parfois difficile de savoir ce qui était représenté. Le catalogue "Théodore Rousseau - La voix de la forêt. Ed. Paris Musées, 2024, (208 p.)" est un petit livre (22x28 cm) imprimé sur du papier glacé qui met bien en valeur les oeuvres. Quelques petites illustrations enrichissent le contenu. Les oeuvres sont indexées par catégories (peintures, dessins) puis par titre.