Cet été, le musée des Beaux-Arts de Tours présentait une collection de dessins français du XVIIIe siècle issus des fonds du département estampes et photographie de la BnF. Cette exposition avait d'abord eu lieue, au début de l'année, à Williamston, Massachusetts (USA). A Tours, l'exposition était enrichie de quelques dessins provenant du cabinet des Arts graphiques du musée des Beaux-Arts de Tours. Il y avait une cinquantaine d'oeuvres exposées. Je vous en fais un résumé d'après les panneaux explicatifs.
Le dessin est une discipline enseigné à l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, mais aussi dans les écoles gratuites de dessin qui se développent en France à partir de 1740. Dans les milieux aisés ce sont des précepteurs, parfois artistes, qui assurent l'apprentissage aux enfants.
A l'Académie royale, les élèves apprennent à reproduire un sujet, d'abord par la copie d'estampes ou de sculptures, avant d'en venir à des "académies" (études d'anatomie humaine d'après un modèle vivant). De nombreux manuels sont également diffusés, afin que l'enseignement du dessin soit à la portée du plus grand nombre.
Le dessin "sur le motif" (en plein air), occupe une place importante dans la pratique des dessinateurs. Et ceux qui se rendent en Italie se perfectionnent devant les paysages et les ruines.
Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), Académie (vers 1751), sanguine et pierre noire, estompe. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Joseph-Marie Vien (1716-1809), Anatomie masculine (vers 1775), sanguine. Tours, musée des Beaux-arts.
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826), Géométrie (1792), Plume, encre noire, encre rouge, lavis d'encre noire et d'encre rouge. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Etienne Pierre Adrien Gois (1731-1823), Etudes de visages et deux pleureuses (vers 1750). Crayon, plume et lavis d'encre de Chine. Tours, musée des Beaux-arts.
Augustin Alphonse Gaudar de Laverdine (1780-1804), Double portrait (vers 1799). Crayon conté. Tours, musée des Beaux-arts.
Louis XVIII (1755-1824), Jeune femme trayant une vache (1769). Plume et encre noire. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Louis XV (1710-1774), Cinq dessins (1717), Plume, encre brune et gouache. Paris, Bibliothèque nationale de France.
François Boucher (1703-1770), Caprice, vue d'une partie du Campo Vaccino (vers 1731). Pierre noire et craie blanche sur papier bleu. Paris, Bibliothèque nationale de France.
François Boucher, Gardien de troupeau fuyant avec ses bêtes (vers 1730-1731). Sanguine. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Anne Louis Girodet (1767-1824), Carnet de croquis dessinés en Italie (1790-1795). Pierre noire et sanguine, graphite, plume et encre noire, lavis. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Le dessin peut être préparatoire à la publication d'une estampe, dont la réalisation est le plus souvent confiée à un graveur professionnel (par ex. Charles Nicolas Cochin). A partir de 1750, le goût pour les dessins crée un marché pour la reproduction de ces oeuvres par l'estampe. L'usage se répand de machines destinées à tracer rapidement un motif et d'appareils permettant de visionner certains types d'estampes.
Le physionotrace composé d'une planche à dessin et d'un pantographe articulé, doté d'un oeilleton de visée. En déplaçant l'oeilleton, on faisait bouger un crayon qui dessinait le sujet. Il permet de réaliser un portrait en quelques minutes que l'on pouvait ensuite graver. Edme Quenedey réalisa de nombreux portraits de notables et bourgeois à l'aide de cet instrument.
Le zograscope permet d'observer une image. L'action de la lentille va donner l'illusion d'une image en trois dimensions. Il devient un divertissement de salon et sert à l'instruction des enfants.
Gabriel Cromer (1873-1934), Physionotrace, début XXe s. Bois et métal. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Anonyme, Zograscope. Bois, métal, papier, miroir, lentille optique. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Edme Quenedey (1756-1830), Portrait de Mathieu Chiniac de La Bastide (1789-1790). Pierre noire, fusain, estompe. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Charles Nicolas Cochin (1715-1790), L'Ecole des Pères et les Courses du Tempé (1753). Pierre noire sur vélin. Tours, musée des Beaux-arts.
Charles Antoine Coypel (1694-1752), L'Histoire retenant le Temps (vers 1725-1726). Graphite, plume et encre noire, sanguine, pinceau et lavis gris, rehauts de blanc. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Charles Nicolas Cochin (le père) (1688-1754) d'après Charles Antoine Coypel, L'Histoire retenant le Temps (1726). Eau-forte et burin. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Le dessin est un moyen privilégié pour coucher sur le papier de multiples projets d'édifices publics ou privés. Il permet à l'architecte de se libérer des contraintes techniques de la construction. Les grandes dimensions du dessin d'architecture apparaissent dans les grandes feuilles (47x66 cm) d'Etienne Louis Boullée (1728-1799).
Etienne Louis Boullée, Vue intérieure d'un muséum prise au niveau du Temple de la Renommée (1783), Plume et encre noire, lavis d'encre, rehauts de gouache blanche. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Etienne Louis Boullée, Cénotaphe dont la pyramide est ronde, élévation géométrale (1784). Encre noire, lavis d'encre noire. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Etienne Louis Boullée, Vue de la nouvelle salle projetée pour la l'agrandissement de la bibliothèque du roi (1787). Encre noire, lavis d'encre noire. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Debully commandé par Charles François de Lubersac de Livron (1730-1804), Vue perspective à l'intérieur du théâtre lyrique projeté qui fait voir la partie de la scène théâtrale (1788). Plume, encre noire et aquarelle. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Spectateurs du monde qui les entoure, les artistes utilisent leurs crayons pour partager des grands évènements, mais aussi des faits plus anecdotiques : scènes de rue et évènements politiques retiennent leur attention. Une grande production de représentations d'histoire naturelle provient d'un intérêt pour les sciences. C'est aussi par le dessin qu'est rapporté le témoignage d'expéditions à l'étranger.
Claude Louis Desrais (1746-1816), Dames montant en carrosse (vers 1775). Plume, encre bistre et aquarelle sur papier vergé blanc. Tours, musée des Beaux-Arts.
François Joseph Bélanger (1744-1818), Le jardin Beaumarchais (1788). Aquarelle, plume et encre sur tracé préparatoire au crayon. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Jean-Baptiste Hilair (1753-1822), L'Orangerie du Jardin des plantes - Le Potager du Jardin des plantes (1794). Plume et encre noire, aquarelle et rehauts de blanc. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Fulchran Jean Harriet (1776-1805), La Nuit du 9 au 10 thermidor de l'an II (1795-1796). Graphite, pierre noire avec estompe, plume et encre noire, pinceau et lavis gris et brun, rehauts blanc. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Paul Grégoire, Feux d'artifice tirés à Paris en 1792 (1792). Plume, encre noire, lavis d'encre noire et gouache blanche. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Emilie Bounieu (1768-1831), Coquillages - Poire (1792-1795). Gouache sur vélin. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Jean-Jacques Lequeu (1757-1826), Têtes de petits chats-huants de Cayenne (entre 1806 et 1825). Plume et encre noire, lavis. Paris, Bibliothèque nationale de France.
André Dutertre (1753-1842), Temple de Karnak, colosse de Ramsès II (entre 1798 et 1817). Crayon, plume et lavis d'encre. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Thomas de Thomon (1754-1813), Le Temple de Vénus à Rome (1787). Plume, encre bistre et aquarelle sur papier vergé blanc. Tours, musée des Beaux-arts.
Louis François Cassas (1756-1827), Etude de Kurdes à Alexandrette (1784). Plume et encre noire, aquarelle gouachée sur papier vergé. Tours, musée des Beaux-arts.
Louis François Cassas (1756-1827), Vue du cloître de l'abbaye de Bellapais à Chypre (1785). Plume et encre noire, aquarelle gouachée, traits de crayon. Tours, musée des Beaux-Arts.
J'ai apprécié cette petite exposition. Je suis toujours impressionnée de voir avec quelle précision sont réalisés les dessins. Le catalogue de l'exposition : "Promenades de papier. Dessins du XVIIIe siècle des collections de la Bibliothèque nationale de France, Ed. Bibliothèque nationale de France, 2023, (262 p.)" est un gros livre, imprimé sur du papier mat qui reflète bien les oeuvres. Il reprend les thèmes de l'exposition et développe le contexte hitorique du dessin au XVIIIe siècle. Toutes les oeuvres exposées sont reproduites et listées à la fin du livre.