Le Petit Palais vient de consacrer une exposition au peintre suédois Bruno Liljefors (1860-1939). Cet artiste représente les animaux sauvages dans leur vie quotidienne (oiseaux, renard, chat...). Une centaine d'oeuvres étaient exposées (peintures, dessins et photos). Je vous fais un résumé de l'exposition inspiré des panneaux explicatifs et accompagné de mes oeuvres coups de coeur.
Liljefors grandit à Uppsala, au nord de Stockholm, une ville entourée de grandes étendues sauvages. Il lit de nombreux albums naturalistes et dessine sur le vif lors de ses sorties en plein air. Il se révèle particulièrement doué pour les caricatures. C'est aussi un excellent gymnaste et il se produit dans un cirque.
En 1879, il s'inscrit à l'Académie royale de Suède, où il côtoie Anders Zorn (1860-1920), l'un des futurs peintres les plus célèbres de Scandinavie, avec qui il restera ami toute sa vie. En 1882, il part étudier la peinture animalière à Düsseldorf auprès de Carl Friedrich Deiker (1836-1892). Puis, il voyage en Bavière, en Italie et en France. Il va s'installer à Grez-sur-Loing, au sud de Paris, où une colonie d'artistes nordiques s'est établie. Liljefors bénéficie des leçons du "plein air" français, des peintres de l'école de Barbizon, des impressionnistes et naturalistes. En 1884, Liljefors retourne en Suède, à Kvarnbo, près d'Uppsala, pour se consacrer à la représentation de la nature locale. Et, il reviendra à Grez-sur-Loing.
Bruno Liljefors, Le Pêcheur d'écrevisses (vers 1884), plume et encre noire sur papier. Paris, Benjamin Peronnet.
Bruno Liljefors, Karrikatyrer (Caricatures) (1885), livre imprimé. Paris, bibliothèque Sainte-Geneviève.
Bruno Liljefors, Dans la neige. Deux renards (sans date), plume et encre brune, lavis noir et gris sur papier. Stockholm, Nationalmuseum.
Bruno Liljefors, Paysage de Kvarnbo, Uppland, Suède (sans date), huile sur toile marouflée sur Isorel. Munich, Courtesy of Daxer and Marshall Gallery.
Bruno Liljefors aime utiliser des formats originaux, verticaux ou très allongés. L'art japonais, la calligraphie, la peinture sur soie et les estampes sont pour lui de véritables sources d'inspiration. Ces modèles nippons furent diffusés en grand nombre en Europe dans les années 1860-1870 au sein des expositions universelles. Chez Liljefors, le regroupement de plusieurs toiles au sein d'un seul cadre s'apparente aux bois gravés japonais agencés selon le procédé de l'harimaze : des images disposées de manière irrégulière forment un ensemble décoratif remarquable et n'entretiennent aucune relation les unes avec les autres. Mais la proximité des scènes peut permettre au spectateur d'inventer une histoire.
Bruno Liljefors, Cinq études d'animaux (1881), huile sur toile et sur panneau. Stockholm, S. M. le Roi de Suède.
Bruno Liljefors, Cinq études d'animaux dans un cadre : chat avec un oisillon, moineaux dans un cerisier, chat et pinson, pinsons et libellules, rougequeues et papillons (1885), huile sur toile. Stockholm, Nationalmuseum.
Bruno Liljefors, Chat sur un pré fleuri et nichée de pies-grièches écorcheurs (1887), huile sur toile. Stockholm, Nationalmuseum.
Bruno Liljefors, Etudes d'animaux dans un cadre : perdrix, pouillot et papillon, bécassine et ses petits, pies dans un pommier, chat et oiseau (1888), huile sur toile et sur panneau. Göteborg, Konstmuseum.
Bruno Liljefors, Le Chat Jeppe dormant au soleil du printemps (1886), huile sur toile. Collection particulière.
Bruno Liljefors, Paysage d'hiver aux bouvreuils pivoines (1891), huile sur toile. Collection particulière.
Liljefors installe ses ateliers au plus près des espaces sauvages et travaille en immersion pour dessiner sur le motif pendant des heures. Il arpente autant les landes et les marais que les forêts. Il met en place plusieurs dispositifs pour observer sans être vu : il se camoufle, fabrique des affûts et grimpe dans les arbres. Il peut donc voir les moindres détails de la vie des animaux au quotidien. A travers le dessin, il capte leurs mouvements et attitudes. La photographie l'aide aussi dans ses créations.
Bruno Liljefors, Etudes de renard (sans date), crayon graphite sur papier. Stockholm, Natinalmuseum.
Bruno Liljefors, Etudes de canards en vol (sans date), crayon graphite sur papier. Stockholm, Nationalmuseum.
Bruno Liljefors, Le Chat Jeppe (années 1890), photographie avec mise au carreau. Uppsala, Konstmuseum.
Bruno Liljefors, Famille d'élans (1890), plume et lavis d'encre grise, rehauts de blanc sur papier. Collection particulière.
Bruno Liljefors, Lièvre près de la barrière (1890), huile sur carton. Stockholm, Prins Eugens Waldemarsudde.
Bruno Liljefors, Paysage rocheux sous la pleine lune (vers 1886), huile sur toile. Collection particulière.
A partir des années 1880, Liljefors s'attache à représenter les animaux dans leur quotidien : naissance des animaux, nourrissage des petits et la chasse, dans des formats parfois très grands, utilisés à l'époque pour la peinture d'histoire. Grâce à sa connaissance approfondie des terres suédoises, Liljefors représente des espèces peu familières des citadins de son époque. Des espèces sont le fruit d'une évolution permanente et d'adaptations, l'art du camouflage permet à des espèces de se fondre dans leur environnement. Liljefors essaye de toujours placer l'animal au coeur de son habitat.
Bruno Liljefors, Autour des palombes et tétras-lyres, dit aussi La Proie (1884), huile sur toile. Stockholm, Nationalmuseum.
Bruno Liljefors, Nid d'autour des palombes, dit aussi Nid de faucon (1886), huile sur toile. Göteborg, Konstmuseum.
Bruno Liljefors, Hibou grand-duc au coeur de la forêt (1895), huile sur toile. Göteborg, Konstmuseum.
Vers 1890, la peinture suédoise évolue, les artistes explorent les couleurs chaudes des lumières rasantes du soir. A la fin des années 1890, l'archipel de Stockholm est au coeur des oeuvres de Liljefors. Le peintre est fasciné par la nature maritime en bordure d'archipel et par les vols migratoires.
Au cours des années 1890, Liljefors participe à la production de dioramas : dispositif d'exposition qui permet de présenter un objet ou un animal, en reconstituant son environnement. Le diorama le plus connu est celui du musée de Biologie de Stockholm. Liljefors y a peint les toiles de fond qui occupe la quasi-totalité du bâtiment.
Vue du diorama du musée de Biologie de Stockholm, avec des toiles de fond peintes par Bruno Liljefors.
Bruno Liljefors, Toile de fond du diorama du musée de Biologie d'Uppsala (1889), reproduction. Uppsala, Uppsala universitets museer
Ce fut une belle découverte, les traits des animaux étaient très précis. Par contre les oeuvres reproduisant des scènes de chasse pouvaient un peu heurter les âmes sensibles. Le catalogue de l'exposition "Bruno Liljefors, la Suède sauvage. Ed. Paris musées, 2024 (160 p., 105 ill.)" est un petit livre (22x28), imprimé sur du papier glacé. Les oeuvres reproduites reflètent très bien les oeuvres exposées et elles sont indexées par ordre alphabétique de titre et par genre.
/image%2F5603524%2F20250228%2Fob_8f6972_bruno-liljefors-la-suede-sauvage.jpg)