Etoiles du Nord - Quatre siècles de dessin sur les bords du Rhin

Publié par Faustine sur 2 Janvier 2025, 16:35pm

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Le musée des Beaux-Arts d'Orléans a une riche collection des dessins des écoles du Nord (830 feuilles). Elles ont fait l'objet d'une étude de quatre ans pour les identifier, les attribuer, les étudier et les rendre accessible au public. Après tout ce travail, une exposition était organisée cet été et a permis de dévoiler au public 170 dessins hollandais, flamands, allemands, suédois et suisses. Je vous résume cette exposition à partir des panneaux explicatifs et accompagné de la majorité des oeuvres exposées.

Les collectionneurs orléanais

Aignan Thomas Desfriches (1715-1800) : cet artiste devenu homme d'affaires est passionné de peinture néerlandaise du XVIIe siècle. Il se rend à plusieurs reprises aux Pays-Bas en quête d'oeuvres de Van Goyen entre autres. Sa collection réunit 112 tableaux de maîtres hollandais et français, et de nombreux dessins. Il est à l'initiative de l'Ecole gratuite de dessin d'Orléans fondée en 1786 et il préside la création du musée d'Orléans en 1797. Aucun dessin de sa collection n'est parvenu au musée, à l'exception d'un paysage de Salomon Gessner.

Charles Lenormand du Courdray (1712-1789) : conseiller procureur du roi, son nom est reconnu comme collectionneur d'estampes. Il avait une grande admiration pour le graveur néerlandais Jan Luyken.

André Gaspard Parfait, comte de Bizemont-Prunelé (1752-1837) : en 1785, il collabore avec Desfriches pour l'ouverture de l'école gratuite de dessin. Et c'est à son initiative qu'est fondé le musée d'Orléans, inauguré en 1825. Sa collection de dessins comptait plus de 2600 feuilles de toutes les écoles.

Aignan Thomas Desfriches, Un paysage des bords du Loiret (1769), graphite et pierre noire sur papier préparé. Don Perpétue Félicité de Laumay vers 1825.

Maerten Fransz van der Hulst, Patineurs lugeant ou jouant du kolf sur une rivière gelée (vers 1640-1645). Don Perpétue Félicité de Limay (1825). Peinture attribuée à Van Goyen (1596-1656) lors de son achat. Après un nettoyage, la signature de van der Hulst est apparue.

Salomon Gessner (1730-1788), Ermite en prière dans un paysage montagneux (1780), plume et encre brune, lavis gris. Legs Alexis Baudry, 1929.

Jan Luyken (1649-1712), Frontispice pour le "Spiegel des Sybillen" (vers 1685), plume et encre brune, lavis brun.

Cornelis van Noorde (1731-1795), Portrait d'homme, d'après Frans Hals (1779), sanguine, pierre noire et craie blanche. Don André Gaspard Parfait de Bizemont-Prunelé entre 1828 et 1837.

Achats et legs

1858 : le musée d'Orléans achète 14 feuilles de la collection de Paul Emile Gasc (1817-1866), sous-préfet de Barbezieux. Les écoles du Nord dominaient sa collection de plus de 1400 feuilles qui furent dispersées en vente publique entre 1861 et 1863.

1888 : legs d'Athenaïs Marguerite de Maussion de Candé (1812-1888). En 1837, à la mort du comte de Bizemont, sa collection fut partagée entre sa fille et son fils Adrien. Puis, en 1856 à la mort de celui-ci, une vente dispersa une partie de la collection de son père et le reste passa entre les mains de ses six enfants, dont Athenaïs Marguerite. Elle légua les oeuvres de son grand-père, dont 60 dessins.

1904 : durant des décennies, la collection grandit grâce à de nombreux bienfaiteurs. Seul un dessin de Jacques Kuyper fut acheté pour 280 francs. Achat sans doute encouragé par l'intérêt pour Alexandre Boucher.

2019 : Aucun dessin nordique n'est entré dans les collections depuis le legs de Alexis Pierre en 1948, à l'exception d'une oeuvre de Bernard Vaillant en 2019. Le cabinet des pastels du musée d'Orléans est le plus important de France, après celui du Louvre ce qui peut justifier cet achat.

Claes Moeyaert (1590-1655), La Circoncision du fils de Moïse (vers 1639), plume et encre brune, lavis brun, traces d'encadrement à la plume et encre brune. Achat 1858.

Wilhelm von Kobell (1766-1855), Cavaliers par temps agité (1807), aquarelle, sur un tracé à la pierre noire. Legs Marguerite de Candé.

Jacques Kuyper (1761-1808), Hommage à Alexandre et Céleste Boucher (1806), plume et encre brune, aquarelle. Achat 1904.

Bernard Vaillant (1632-1698), Portrait de femme, pastel. Achat 2019.

La collection de Paul Fourché

Paul Fourché (1840-1922), homme d'affaires bordelais d'origine orléanaise est l'un des plus grands bienfaiteurs du musée d'Orléans. Il fit don de ses collections en 1907 ce qui permit de lui dédier une annexe. Mais, elle fut détruite par un bombardement en 1940. En 1922, Paul Fourché avait léguée une seconde collection de dessins qui elle a été préservée. En un siècle la collection atteignit 770 dessins flamands, allemands, anglais et suisses. Paul Fourché avait un intérêt particulier pour le XVIe siècle, comme par exemple le Néerlandais Hendrik Goltzius.

Anonyme allemand, Atlas portant le globe (vers 1580 ?), plume et encre brune, aquarelle. Legs, Paul Fourché, 1922.

Abraham Blomaert (école de), Annonciation (vers 1593-1595), plume et encre brune, lavis brun. Legs Paul Fourché, 1922.

Anonyme hollandais, Hercule (vers 1600), plume et encre brune. Legs Paul Fourché, 1922.

Hendrik Goltzius (1558-1617), Cérès (vers 1610-1615), sanguine. Legs Paul Fourché, 1922.

Willem van Nieulandt II (1584-1635), Paysage avec un moulin à eau (vers 1630), plume et encre brune, lavis gris, différents papiers découpés raboutés. Legs Paul Fourché, 1922.

Jan Van der Straet, dit Stradanus (1523-1605), Chasse au chamois (1567), plume et encre brune sur un tracé au stylet de plomb sur papier vergé. Legs Paul Fourché, 1922.

Jan Van der Straet, dit Stradanus, Deux saints du Nouveau Testament (saint Philippe et saint Thomas ?), (début du XVIIe siècle), plume et encre brune, pierre noire, lavis gris et quelques touches de gouache blanche. Legs Paul Fourché, 1922.

L'oeil du spécialiste : réattributions et déclassements

L'histoire de l'art n'existait pas à la création des musées à la fin du XVIIIe siècle, et au début du XXe siècle elle commençait à émerger. Paul Fourché a donc composé sa collection avec peu de documentation et s'est forgé un oeil de connoisseurship "l'art du connaisseur", qui consiste à perfectionner sa connaissance visuelle au contact des oeuvres afin de pouvoir en identifier les auteurs, écoles ou époques.

Le connoisseurship a progressé au rythme de l'évolution des connaissances historiques et techniques. Aujourd'hui, l'étude d'une collection publique est le résultat d'un travail collaboratif, auquel des historiens de l'art partagent leur expertise au cours de nombreuses années de recherche : c'est ainsi que des dessins ont pu être réattribués ou sortis de l'anonymat et parfois l'inverse.

L'attributionnisme n'est pas une science exacte. Il est possible d'établir l'authenticité d'une oeuvre et de son auteur, mais d'autres résistent à l'analyse et divise les spécialistes.

Claes Moeyaert (1590-1655), Job sur son fumier (1640-1650), plume et encre brune, lavis brun et gris, pierre noire et sanguine. Legs Paul Fourché, 1922. Attribué par Paul Fourché à Gerbrand van den Eeckhout (1621-1674), il est en fait d'un artiste de la génération précédente.

Polidoro da Caravaggio 1492-1543 (d'après) et Peter Paul Rubens (1577-1640), La Défaite de Spargabise devant l'armée de Cyrus, plume et encre brune et noire, lavis d'encre et rehaut de gouache sur papier bleu. Legs Paul Fourché, 1922. Copie achetée par Rubens qu'il retoucha.

Albert Flamen (1615-1691), Vue d'une ferme (vers 1650), plume et encre brune. Legs Paul Fourché, 1922. D'abord attribué à l'artiste flamand Paul Bril (1554-1626), mais les traits de plume serrés sont ceux du flamand d'Albert Flamen.

Dirk Maas (1656-1717), Paysage idyllique avec un chasseur au repos (vers 1700), pierre noire et lavis gris. Legs Paul Fourché, 1922. Dessin conservé sous le nom d'Isaac de Moucheron (1670-1744), il revient à Dirk Maas élève de Nicolaes Berchem.

Gérard Seghers 1591-1651 (d'après), Salomé portant la tête de Jean-Baptiste (XVIIIe siècle), plume et encre noire, lavis brun, rehauts de blanc. Legs Paul Fourché, 1922. Ce dessin est un pastiche.

Karel La Fargue (1738-1793), Passage du gué (seconde moitié du XVIIIe siècle), pierre noire. Achat 1858. Figurait sous le nom de Nicolaes Berchem (1620-1683) dans la collection de Boisset, mais est réalisé par le faussaire Karel La Fargue.

Herman Saftleven (d'après) 1609-1685, Utrecht vue de l'ouest avec la Jacobikerk (seconde moitié du XVIIIe ou début du XIXe), estampe. Legs Paul Fourché, 1922. L'examen à la loupe binoculaire révèle que c'est une estampe et non un dessin.

Anonyme flamand, Trois femmes causant avec leurs enfants (vers 1620), plume et encre brune, lavis brun. Legs Paul Fourché, 1922. Ce dessin reçut plusieurs attributions : Esaias van de Velde (1597-1630), Jan Philipsz van Bouchkhorst (1588-1631), Jan Brueghel (1568-1625), mais revient à un maître anonyme connu pour des dessins au Teylers Museum de Haarlem.

Anonyme allemand, Cavalier et la Mort (vers 1820 ?), plume et encre brune, lavis gris, rehauts de blanc. Legs, Paul Fourché 1922. Dessin difficile a attribué : son sujet et sa date reste énigmatique.

Les genres du Nord

La production picturale des Pays-Bas au XVIIe siècle se caractérise par une grande diversité de manière de peindre et une grande variété de genres, incluant la peinture d'histoire. Le fonds orléanais est représentatif du goût des collectionneurs des XVIIIe et XIXe siècles pour les paysages, les scènes de la vie quotidienne ou du monde paysan et les représentations animalières. La collection reflète les esthétiques du temps des collectionneurs : celle du pittoresque et celle du réalisme ont contribué à façonner une certaine idée des écoles du Nord.

Hendrik Goltzius (1558-1617), Femme assise dans un paysage (vers 1592), Pierre noire, plume et encre brune, lavis brun, traces de sanguine. Legs Paul Fourché, 1922.

Cornelis Saftleven (1607-1681), Homme assis (années 1630), pierre noire et rehauts de blanc. Legs Paul Fourché, 1922.

Monogrammiste AvT, Homme assis dans un intérieur (années 1650), fusain, reprise au fusain huilé, lavis d'encre. Legs Paul Fourché, 1922.

Anonyme hollandais, Scène de cuisine (années 1670), plume et encre brune, lavis brun, pierre noire et rehauts de blanc. Legs Paul Fourché, 1922.

Abraham Casembroot (1593-1658), Vue du port de Messine (vers 1650-1655), pierre noire et lavis gris. Legs Paul Fourché, 1922.

Anonyme hollandais, Paysage (vers 1700), plume et encres noire, grise et brune, lavis gris, sanguine. Legs Paul Fourché, 1922.

Simon de Vlieger (1601-1652) attribué à, Deux porcs (1652), pierre noire, plume et encre noire, lavis gris.

Johannes van Bronckhorst (1648-1727), Animaux de basse-cour (vers 1700), aquarelle et gouache sur vélin.

L'art des Pays-Bas à la Renaissance

Le dessin néerlandais et flamand du XVIe siècle est très présent dans la collection, grâce au legs de Paul Fourché. L'art de ce siècle mêle tradition gothique et recherche de réalisme, mais aussi influences italiennes introduites par des artistes ayant séjourné en Italie. Le maniérisme, issu des crises du pouvoir temporel et spirituel qui traversent la péninsule, trouve écho dans une Europe du Nord tourmentée par la question religieuse. Les liens étroits entre dessin et gravure, ainsi que la représentation croissante de scènes de la vie quotidienne, sont caractéristiques de l'évolution du dessin dans les écoles du Nord.

Aertgen van Leyden (1498-1564), Le Retour du fils prodigue (vers 1525-1530), plume et encre noire, rehauts de blanc sur papier préparé en brun. Legs, Paul Fourché.

suiveur de Jérôme Bosch (1450-1516), Démons et damnés (vers 1530), pierre noire, sanguine, plume et encre brune. Legs Paul Fourché, 1922.

Jan Swart van Groningen et atelier (vers 1490/1500-1562), Vierges folles - Vierges sages (vers 1550), plume et encre brune, lavis rosé. Legs Paul Fourché, 1922.

Anthonie Blocklandt van Montfoort (1533-1583), Le Christ et la Cananéenne (vers 1577), plume et encre noire, lavis brun, rehauts de blanc. Legs Paul Fourché, 1922.

Jacques de Gheyn (1565-1629), La Constellation Cepheus (vers 1600), plume et encre brune, lavis gris. Legs Paul Fourché, 1922.

Dirk de Vries (1554-1612), Femme lisant assise sur une chaise (vers 1590-1600), plume et encre brune. Legs Paul Fourché, 1922.

Détérioration et restauration de la collection

Dès l'ouverture du musée en 1825, un cabinet des dessins est conçu pour présenter en permanence les feuilles majeures de la collection. Leur exposition prolongée à la lumière est l'une des principales causes de la détérioration de leur support. La lumière opère une altération chimique du papier (l'hydrolyse), rendant la feuille plus cassante. La composition du papier contribue aussi à sa dégradation. L'humidité favorise l'apparition de foxing (piqûres) résultant de l'oxydation de particules de fer, auxquelles s'ajoute souvent un développement de micro-organismes. L'acidité des cartons industriels sur lesquels les dessins ont été collés aux XIXe et XXe siècles fragilise sa structure en plus de la jaunir.

Plusieurs techniques permettent de nettoyer le papier, le désacidifier, voire l'éclaircir : les craies noires et l'encre de Chine. Ce n'est pas le cas de l'encre ferrogallique (brune à forte teneur en sulfate de fer en tanins végétaux) oxydable au contact de l'eau. Or, c'est la technique la plus utilisée dans l'Europe du Nord du XVIe au XIXe siècle. 115 dessins exposés ont pu être nettoyés ou restaurés, d'autres sont condamnés à conserver leur marque d'usure.

Anonyme hollandais, Paysage nocturne (vers 1650), pierre noire et lavis gris sur papier bleu. Legs Paul Fourché, 1922.

Ludolf Backhuysen (1631-1708), Marine (vers 1670), plume et encre brune, lavis brun.

Jan van der Straet (1523-1605), Cheval frison, plume et encre brune, lavis brun, rehauts de gouache blanche. Legs Paul Fourché. Large développement de micro-organismes, l'encre brune rend sa restauration impossible.

L'âge d'or hollandais

L'indépendance acquise par la République des Sept Provinces-Unies au cours de la guerre de 80 ans (1568-1648) en a fait la première puissance commerciale du monde. L'épanouissement des arts et de la culture, favorisé par cet essor économique, est à l'origine du mythe d'un Siècle d'or hollandais. L'élargissement du marché d'art aux classes moyennes, avec le développement de la peinture de genre produite dans de nombreux ateliers, le recul de la peinture religieuse, et l'amour du pays célébré dans le portrait des villes, paysages et habitants, caractérisent cet âge d'or.

Après la guerre de Hollande (1672-1678), l'évolution de l'art est importante. Des genres très variés cohabitent, la collection orléanaise en témoigne dans un riche florilège. On y voit paysage, scène de genre, portrait, mais aussi sujets historiques et bibliques.

Cornelisz Claesz van Wieringen (1575-1633), Marine (1600-1620), plume et encre brune. Legs Paul Fourché, 1922.

Pieter Molyn (1595-1661), Paysage montagneux (vers 1660), pierre noire, lavis brun. Legs Paul Fourché, 1922.

Joris van der Haagen (1615-1669), Vue de l'Eltenberg près de Clèves (1663-1664), pierre noire et lavis gris. Legs Paul Fourché, 1922.

Valentin Klotz (1648-1716), Village près d'Uithoorn (1673), plume, encre noire et lavis gris. Legs Paul Fourché, 1922.

Josua de Grave (1643-1712), Le Pont-barrage de Hyon, près de Mons - Paysage avec un moulin à eau (1674), plume et encre brune, lavis gris. Legs Paul Fourché, 1922.

Pieter Jansz Quast (1606-1647), Joyeuse compagnie (vers 1640), graphite sur parchemin. Legs Paul Fourché, 1922.

Jan Verkolje (1650-1693), Scène de famille (vers 1680), plume et encre brune, lavis gris, pierre noire. Legs Paul Fourché, 1922.

Cornelis Dusart (1660-1704), Le Mois d'octobre (entre 1685 et 1704), plume et encre brune, lavis gris. Don Paul Fourché, 1907.

Johannes Thopas (1626-1690/1695), Portrait d'homme (vers 1677), graphite, pinceau et encre noire, lavis gris sur parchemin. Legs Paul Fourché, 1922.

Floris van Schooten (1585-1656), Trois Marie au tombeau (vers 1610-1615), plume et encre brune, lavis gris. Legs Paul Fourché, 1922.

Jacob Pynas (1592- après 1650), Ruth et Booz (vers 1630), plume et encre brune. Legs paul Fourché, 1922.

Pieter Crijnse Volmarijn (1629-1679), Triomphe du jeune Bacchus (années 1660 ou 1670), plume et encre brune, lavis brun, traces de pierre noire. Legs Paul Fourché, 1922.

Dans la lignée de Rubens

Pierre Paul Rubens (1577-1640) a fixé le modèle de la peinture baroque flamande. Il se forme à Anvers (1594-1598), puis en Italie (1600-1608), où il assimile l'art des grands maîtres. A son retour, en 1611, il ouvre un atelier dont le succès va faire de la cité flamande le foyer artistique central des Pays-Bas espagnols. Afin de répondre au grand nombre de commandes, Rubens a formé des élèves et il s'est associé avec des collaborateurs talentueux qui ont aidé à élever l'école anversoise à un haut degré de virtuosité.

Dans la collection orléanaise, seul un dessin s'avère être un authentique de Rubens. Mais, on retrouve plusieurs dessins de ses émules : Jacob Jordaens, Erasmus Quellinus, Abraham van Diepenbeck et Gotfried Maes qui s'orientent vers la peinture d'histoire. Le paysage continue de prospérer avec les peintres spécialisés de l'atelier de Rubens comme Lucas van Uden.

Peter Paul Rubens, Silene (1606-1607), pierre noire. Legs Paul Fourché, 1922.

Jacob Jordaens (1593-1678), Cérès moquée (1618), plume et encre brune, lavis brun, pierre noire. Legs Paul Fourché, 1922.

Erasmus Quillinus (1607-1678), Projet pour la Bible de Sixte Quint (1645), plume et encre brune, pierre noire, lavis brun, rehauts de blanc. Legs Paul Fourché, 1922.

Abraham van Diepenbeeck (1596-1675), Projet de thèse pour Theodoor van Immersel (vers 1651). Legs, Paul Fourché, 1922.

Jan Erasmus Quellinus, Présentation de la Vierge au Temple (1676), pierre noire, plume et encre brune, lavis brun et bleu, rehauts de blanc. Don Augustin Miron, avant 1843.

Godfried Maes (1649-1700), Projet pour un confessionnal (vers 1680), plume et encre brune, lavis brun et gris, sanguine, pierre noire. Legs Paul Fourché, 1922.

Lucas Van Uden (1595-1672), Paysage (années 1650), plume et encre brune, lavis gris et bleu, pierre noire. Legs Paul Fourché, 1907.

école de Jan Brueghel l'Ancien (1568-1625), Paysage (vers 1650), plume et encre brune, lavis bleu, brun et vert. Legs Paul Fourché, 1922.

Nostalgie du Siècle d'or hollandais

Les artistes célèbrent la grandeur de leur civilisation, glorifient la supériorité maritime de la République à travers des marines et exaltent les beautés du pays natal. Entretenu par une nouvelle génération d'artistes, l'art du Siècle d'or s'exporte avec l'émigration de nombre d'entre eux au tournant des XVII et XVIIIe siècles. Les dessins d'artistes étrangers du siècle des Lumières tel le Suisse Johann Heinrich Keller ou le Suédois Jan Klopper témoignent de la fascination au XVIIIe siècle pour le mythe hollandais.

Au XIXe siècle, les artistes pratiquent de plus en plus le dessin en plein air. Le paysage naturaliste de la Suédoise Anna Gardelle-Ericson montrent que le mythe de l'âge d'or hollandais s'enracine dans la culture européenne.

Jan van Huysum (1682-1749), Paysage italien (vers 1700), plume et encre brune, lavis gris. Legs Paul Fourché, 1922.

Theodor Wilkens (vers 1690-1748), Vue de l'intérieur du Colisée à Rome (1717), plume et encre brune, lavis brun, aquarelle, rehauts de blanc. Legs Paul Fourché, 1922.

Herman Pyelman actif à Bruxelles vers 1730-1740, Une Caravane (1734), plume et encre brune, lavis brun. Legs Athenaïs de Maussion de Candé, 1888.

Theodor (Dirk) Verrijk (1734-1786), L'Eglise de Rytbergen (vers 1760-1770), pierre noire, plume et encre grise, lavis gris. Legs Paul Fourché, 1922.

Jacob Cats (1741-1799), Paysage (1770), pierre noire, plume et encre brune, lavis brun. Legs Paul Fourché, 1922.

Jacob van Strij (1756-1815), Paysage (vers 1780-1790), pierre noire, plume et encre brune, lavis gris. Legs Paul Fourché, 1922.

Jan Josef Horemans le Jeune (1714-1792), Femme assise (vers 1760), sanguine. Legs Paul Fourché, 1922.

Jacob van der Schley (1715-1779), Académie d'homme (1734), sanguine. Legs Athenaïs de Maussion de Candé, 1888.

Jan Klopper (1670-1734), Portrait d'homme (1711), sanguine. Legs Paul Fourché, 1922.

Johann Heinrich Keller (1692-1765), Laban cherche ses idoles cachées par Rachel (vers 1740-1750), plume et encre brune, lavis gris. Legs Paul fourché, 1922.

Lodewijk Gillis Haccou (1792-1826/46), Marines (1823), pierre noire, plume et encre grise, aquarelle. Legs paul Fourché, 1922.

Lodewijk Gillis Haccou (1792-1826/46), Marines (1823), pierre noire, plume et encre grise, aquarelle. Legs paul Fourché, 1922.

Nicolaas Wicart (1748-1815), Scène fluviale (vers 1800), pierre noire, pinceau et encre grise.

Jan Kobell II (1778-1814), Vacher soufflant dans une corne, tenant un taureau par une corde (vers 1810), plume et encre brune, lavis brun, rehauts de blanc. Legs Paul Fourché, 1922.

Anna Gardell-Ericson (1853-1939), Clair de lune sur l'île de Koön (1887), aquarelle et gouache. legs Paul Guillon, 1909.

Le dessin baroque allemand

A partir du XVIe siècle, l'art allemand est façonné par des influences multiples, ce qui complique l'exercice du connoisseurship qui peine à distinguer l'origine des feuilles germaniques. Paul Fourché a été très attiré par les dessins des écoles germaniques, il collectionna des oeuvres des grands centres artistiques : Munich et Nuremberg. L'art de Caspar Freisinger qui travaille en Bavière offre un mélange d'influences allemande et italienne. Au XVIIe siècle, l'éclectisme est toujours présent dans les pays allemands : Candido originaire de Bruges exerce à la cour de Bavière, Heinrich Jansen se forme auprès de Rembrandt, Michael Willmann originaire de la Prusse orientale achète des oeuvres de Rembrandt et s'en inspire, Johann Franz Ermels est célèbre pour ses paysages italianisant.

Caspar Freisinger (1560-1599), Mater Dolorosa (vers 1590), Plume et encre noire, lavis gris, rehauts de blanc. Legs Paul Fourché, 1922.

Pietro Candido (1546-50 - 1628), Cavalier et page (vers 1609), plume et encre brune, sanguine. Legs Paul Fourché, 1922.

Heinrich Jansen (1625-1667), Accueil d'une jeune fille (Années 1650), plume et encre noire, lavis gris, pierre noire. Legs Paul Fourché, 1922.

Michael Willmann (1630-1706), Vénus montrant à Enée les armes forgées par Vulcain (vers 1660), plume et encre noire, lavis gris, rehauts de blanc, sur papier bleu. Legs Paul Fourché, 1922.

Johann Franz Ermels (1641-1693), Paysage (vers 1680), pierre noire, plume et encre noire, lavis gris. Legs Paul Fourché, 1922.

Dessins allemands du XVIIIe siècle

La Bavière baroque et sa surabondance décorative offre un cadre privilégié à l'exubérance des artistes qui font rayonner la puissance catholique de l'Allemagne du Sud face à ses voisins protestants. Les dessins préparatoires à des commandes d'architecture, d'art déco, peinture et sculpture sont capitales pour l'histoire de l'art, mais souvent détruites par leurs auteurs, ce qui rend les feuilles de la collection très précieuses.

L'influence du graveur et dessinateur hessois Jean-George Wille a été très importante dans l'Europe des Lumières. Il a transmis à de nombreux élèves sa théorie du dessin d'après nature comme fondement de création. Les paysages de Jean-Gaspard Heilmann, de Franz Edmund Weirotter et la scène de genre de Johann Eleazar Schenau dérivent de ses principes.

Anton Clemens Lünenschloss (1678-1763), Salomon et la reine de Saba (1718), plume et encre noire, lavis gris. Legs Paul Fouché, 1922.

Gottfried Bernhard Göz (1708-1774), Joseph et la femme de Putiphar, plume et encre brune, lavis gris. Legs Paul Fourché, 1922.

Balthasar Denner (1685-1749), Tête d'homme (1730), pierre noire et laviss gris. Legs Paul Fourché, 1922.

Johannes Esaias Nilson (1721-1788), Composition décorative (vers 1750), plume, pinceau et encre noire, lavis gris. Legs Paul Fourché, 1922.

Christoph Thomas Scheffler (1699-1756), La Canonisation de l'empereur Henri II (vers 1752), plume et encres brune et grise, lavis gris, pierre noire, sur papier bleu. Legs Paul Fourché, 1922.

Jean-Georges Wille (1715-1808), Le Fagotier (1760), pierre noire. Legs Paul Fourché, 1922.

Jean-Gaspard Heilmann (1718-1760), Paysage (vers 1755), pierre noire, plume, lavis brun et gris et rehauts de blanc. Legs Paul Fourché, 1922.

Franz Edmund Weirotter (1733-1771), Fontaine monumentale (1763), sanguine.

Johann Eleazar Schenau (1737-1806), Scène de colin-maillard (vers 1760), graphite et sanguine. Legs Athénaïs de Maussion de Candé, 1888.

jacob Philipp Hackert (1737-1807), Vue d'un pont romain entre Caserte et Capoue sur le Volturno (1770), pierre noire, plume et encre brune, lavis brun. Legs Athénaïs de Maussion de Candé, 1888.

Johann Jacob Hoch (1750-1829), Couple de bergers cheminant avec leur troupeau (vers 1800), plume et encre brune, lavis brun. Legs Paul Fourché, 1922.

Cette exposition était très riche autant dans les oeuvres exposées que dans les explications de leurs origines. Le catalogue "Etoiles du Nord - Catalogue des dessins des écoles du Bord du musée des Beaux-Arts d'Orléans. Ed. Le Passage, 2024, (416 p.)", est un très gros livre (29x23 cm) imprimé sur du papier glacé qui met bien en valeur les oeuvres. Ce n'est pas que le catalogue de l'exposition, mais le répertoire complet de la collection du musée des Beaux-Arts d'Orléans. Il y a donc toutes les oeuvres exposées accompagnées de leur notice détaillée, puis il y a le répertoire de la collection classée par ordre alphabétique d'auteur. Ce répertoire comprend 750 oeuvres, illustrées par une petite vignette et accompagnées de ces données techniques (matière, dimension, provenance). Cet ouvrage est très agréable à feuilleter. Par contre, beaucoup d'oeuvres exécutées à la pierre noire sur du papier clair ont été reproduite dans une couleur brune... peut-être pour donner une impression de vieux dessins...

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Peintures germaniques des collections françaises (1370-1550)

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Rémi

05/01/2025 20:54

J'ai beaucoup aimé regarder en détails tous ces merveilleux dessins , surtout ceux très fins de paysages et j'ai noté les références de certains .<br /> Vos photos sont superbes, comme d'habitude ! <br /> Vous m'avez donné envie de revisiter ce musée !

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Faustine

06/01/2025 11:21

Merci Rémi, je vous conseille plutôt d'acheter le livre. Ces dessins sont conservés dans les réserves du musée et ne sont pas exposés au public. D'où l'organisation de cette exposition qui était une manière exceptionnelle de dévoiler ces dessins au public.

Payen

03/01/2025 19:25

Quelle collection ! Les Marines sont superbes et le vent est bien présent au point d'en ressentir le souffle puissant au même titre que ces cavaliers par temps agité : on courbe le dos pour eux.<br /> <br /> Merci pour ce voyage quasiment en noir et blanc

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